Les Autres by James Herbert

Les Autres by James Herbert

Auteur:James Herbert
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Bragelonne


Chapitre 24

J’avais senti l’odeur du sang avant même d’entrer dans le bureau ; ç’aurait dû m’alerter, mais la peur m’avait fait perdre la tête, avait donné de l’élan à ma charge, car je savais que si j’hésitais je m’arrêterais, et que si je m’arrêtais je ferais demi-tour pour dévaler l’escalier et fuir l’affrontement comme un pétochard, comme un rat pendant un naufrage.

Ma jambe, celle qui était faible, faillit me lâcher pour de bon, et je crois bien que je tournai de l’œil, m’agrippant à la poignée de la porte pour ne pas m’effondrer. Les relents aigres, cuivrés de l’hémoglobine répandue étaient presque insoutenables et la scène qui s’étalait devant moi ne fut pas loin de me tétaniser. Je retins mon souffle, qui resta coincé quelque part entre mes poumons et ma gorge.

Le corps à demi nu gisait en travers du bureau de Henry, une chaussette grise aux motifs écossais pendouillant aux orteils d’un pied tandis que l’autre était encore en place sur l’autre pied, mais bouchonnée sur la cheville. Les jambes étaient longues et maigres. On y voyait des poils sur les mollets et les cuisses. Elles reposaient en travers du bureau ; le bout de la chaussette à demi enlevée touchait le sol.

La tête était invisible, disparaissant derrière le bord du bureau. La chemise rose, détrempée de sang encore luisant, était relevée, découvrant un ventre légèrement étiré, un ventre si rebondi que ç’aurait été une bedaine si l’homme avait été debout. La chemise extravagante et les chaussettes auraient dû constituer des indices suffisants, mais j’étais encore sous le coup des premiers assauts d’un épouvantable choc, de ces assauts qui abrutissent l’esprit et engourdissent les sens. Un autre indice aurait été le pantalon gris anthracite soigneusement plié et posé à cheval sur le dossier du fauteuil réservé aux visiteurs, mais, bien que je l’aie vu en même temps que tout ce qui se trouvait dans cette pièce transformée en charnier, à présent mon attention était concentrée sur les bulles de sang qui émergeaient lentement du flot de liquide qui s’échappait d’entre les cuisses serrées du cadavre. Les poils pubiens étaient couverts d’une substance rouge épaisse et figée, et du sang dégoulinait le long de la peau pour aller rejoindre d’autres ruissellements de sang, dont le plus important partait du dessous du corps, d’un point situé en haut des cuisses, se déversant de façon à former une mare qui s’étalait vers les bords du bureau, se répandant autour des objets qui s’y trouvaient, transformant en île le presse-papiers en verre et en digue le crayon jaune qui dépassait du livre de comptes qui, imprégné de liquide cramoisi, disparaissait en partie sous les fesses du cadavre mutilé.

— Oh… putain…, murmurai-je, les mots épuisant le peu de souffle qui me restait.

Je resserrai encore ma prise sur la poignée de la porte, forcé de respirer de nouveau l’air vicié.

En dépit des évidences, j’imagine que je refusais d’accepter qu’il s’agissait du corps de ce pauvre Henry gisant là comme une malheureuse victime sur la pierre



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